• mercredi 15 mai 2013

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Noureddine Mediane, “Il faut dépénaliser le cannabis”
glaoui

Drogue. Le président du groupe de l’Istiqlal à la Chambre des Représentants, Noureddine Mediane, évoque la nécessité pour l’Etat de revoir son système répressif contre les 200.000 familles vivant du cannabis.

Propos recueillis Aissa Amourag

Maroc Hebdo International: Vous avez lancé l’idée d’un débat national sur la culture du cannabis au Maroc. De quoi s’agit-il?
Noureddine Mediane: La culture du cannabis est toujours considérée comme un sujet tabou au Maroc. Je pense que nous devons rompre avec cet état d’esprit. D’où mon idée de lancer un débat national sur cette culture si répandue dans notre pays. Ce débat doit trancher si nous devons maintenir cette culture ou  la faire disparaître définitivement.

Qui seront les protagonistes de ce débat?
Noureddine Mediane: L’idée a fait son chemin au sein de mon groupe. Elle est en train d’être discutée au niveau de la première chambre.
Une fois approuvé, ce débat doit engager en premier lieu le ministère de l’Intérieur et les parlementaires. Nos partenaires de l’Union européenne seront également invités à ce débat.
Pourquoi inviter les Européens?
Noureddine Mediane: Les Européens sont les plus gros consommateurs de cannabis marocain. Un kilo de haschich est vendu 5.000 euros en Europe, contre 5.000 dirhams seulement au Maroc. Le cannabis marocain profite plus aux trafiquants européens qu’aux cultivateurs marocains.  

Qu’attendez-vous de vos partenaires européens?
Noureddine Mediane: On attend d’eux qu’ils nous aident à limiter ce trafic et mieux le contrôler car il prend des proportions considérables. Le trafic international de cannabis est devenu gigantesque.
L’Etat marocain a échoué à interdire et même à limiter la culture de cannabis. Faut-il alors la dépénaliser?
Noureddine Mediane: Peut-être. Mais c’est le débat national qui doit en décider. L’Etat marocain doit assumer ses responsabilités. Les familles vivant de cette culture, qui sont au nombre de 200.000, ne doivent plus vivre dans la terreur d’une arrestation puis d’une poursuite judiciaire. Ces milliers de nos concitoyens vivent à mon avis en liberté provisoire. Soit on légalise la culture de cannabis, auquel cas on doit réorienter son usage vers des domaines positifs tels les produits pharmaceutiques. Soit on l’interdit officiellement et une fois pour toutes, auquel cas il faut trouver des solutions de substitution pour les familles.

Les solutions de substitution ont été déjà essayées par le gouvernement mais elles n’ont jamais abouti…
Noureddine Mediane: Elles ne sont pas de vraies solutions mais de simples actions de bricolage. Le gouvernement avait proposé les implantations d’oliviers dans cette région, mais les sols ne sont pas compatibles avec cette culture.

Pensez-vous que l’Etat doit continuer à réprimer les cultivateurs de cannabis?
Noureddine Mediane: Non, au contraire. Le système répressif doit cesser. L’Etat doit proposer de nouvelles solutions, plus efficaces et plus convaincantes

Mis à jour ( Vendredi, 30 Novembre 2012 11:19 )